Ce sont de longues histoires que
les histoires de vie. Ces fictions que l’être produit sur lui-même quand il se
mêle de raconter sa vie. Elles sont d’ailleurs interminables. Derrière chaque
volume de la bibliothèque se cache une étagère et derrière chaque étagère un
ultime volume. Les raconter c’est entrer
dans le labyrinthe du discours, celui que l’homme est capable de tenir sur lui-même.
Il n’est parfois même plus possible de démêler la fiction de la réalité. Les points de
vue sur la réalité se font au travers des angles de vue de celui qui les raconte
et l’ultime cause est toujours un nouvel effet
Alors où est la vie ? se trouve-t-elle en ce point culminant ou décisif où se croisent la fiction que l’être produit sur lui-même et la réalité de ce qu’il est devenu pour avoir réalisé non une fiction mais un acte réel ? La fiction ne transforme pas l’être c’est l’acte qui le transforme ; et à discourir avec les patients, on conçoit bien que cet acte est cela même qui doit jaillir, à petits pas et cela même à qui il ne suffit pas d’une fiction.
Alors où est la vie ? se trouve-t-elle en ce point culminant ou décisif où se croisent la fiction que l’être produit sur lui-même et la réalité de ce qu’il est devenu pour avoir réalisé non une fiction mais un acte réel ? La fiction ne transforme pas l’être c’est l’acte qui le transforme ; et à discourir avec les patients, on conçoit bien que cet acte est cela même qui doit jaillir, à petits pas et cela même à qui il ne suffit pas d’une fiction.
D’un
certain point de vue l’homme n’est malade de ses fictions que parce qu’il
voudrait les projeter éternellement sempiternellement comme autant de créations
nouvelles et répétées. Et la succession d’acte n’est jamais quant à elle décisive.
La seule action décisive est justement celle par quoi la vie d’un être humain s’éteint
ans voix.
Il y a un moment où raconter rétrospectivement son histoire n’est
tout simplement plus possible ; alors que les actes concordant ou même
contradictoires continueront à parler pour vous-même après votre mort. Il faudrait
libérer la parole. Chercher à libérer la parole est un désir humain, mais qu'est ce qu'un mot qui n'est pas tissé d'actes? La parole quand bien même elle les accompagnerait vient
malgré tout toujours après. Jusqu’au moment où elle n’a plus lieu d’être ou
encore n’a tout simplement plus les moyens d’être:
…Ci gît…